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March 30th, 2009

Article: “La musique suscite bel et bien des émotions”


This article, written by journalist Daniel Baril (Le Forum), focuses on a recent research conducted by Mathieu Roy and Jean-Philippe Mailhot under the supervision of Prof. Isabelle Peretz.

This article is only available in French.

“Tout le monde a un jour expérimenté l’effet de la musique sur ses émotions, que ce soit la joie, la tristesse, la peur ou le sentiment de sérénité. Deux écoles s’opposent toutefois sur cette question.

Les «émotivistes» soutiennent que la musique suscite ou module réellement des émotions alors que certains «cognitivistes» estiment que nous ne faisons que reconnaitre une émotion associée à une musique sans pour autant la ressentir − de la même façon que nous reconnaissons un sourire sur une photo sans que cela nous incite à sourire à notre tour.

L’issue de ce débat en apparence purement théorique a des répercussions quant à la pertinence et à l’efficacité de la musicothérapie. Mathieu Roy, qui a consacré ses travaux de doctorat en psychologie à l’effet de la musique sur la douleur, a voulu tirer la question au clair. Avec son collègue Jean-Philippe Mailhot, étudiant à la Faculté de médecine, et sa directrice de thèse Isabelle Peretz, du Département de psychologie, le chercheur a mis au point la première expérience qui semble éliminer toute cause autre que la musique dans l’observation d’un réflexe lié à une émotion.

Le clignement des yeux

Plusieurs travaux ont déjà abordé l’influence de la musique sur les émotions à partir de mesures physiologiques tels le rythme cardiaque, la conductivité cutanée, le rythme respiratoire, les réactions hormonales ou l’activation neuronale, travaux qui tendent à démontrer la justesse de la position des émotivistes. Mais, dans chaque cas, des doutes ont subsisté sur la véritable cause des modulations observées ou sur le fait que l’émotion était réellement ressentie par les sujets.

Mathieu Roy a cherché à vérifier l’incidence de la musique à partir d’un réflexe émotionnel: le clignement des yeux. «Le sursaut est un mécanisme de défense inconscient et l’une de ses composantes est le clignement des yeux, explique-t-il. Il est bien établi que le clignement est un indicateur du degré d’anxiété de l’individu et du degré d’activité de ce mécanisme. Si différentes musiques peuvent provoquer du stress ou de la joie, cela devrait donc pouvoir s’observer sur le clignement des yeux.»

L’étudiant a soumis une quinzaine de sujets à différentes musiques, les unes reconnues pour être agréables et les autres désagréables. L’audition était entrecoupée de bruits blancs de 100 décibels destinés à provoquer un sursaut et le clignement des yeux. Selon l’hypothèse des chercheurs, les clignements allaient être plus intenses avec la musique désagréable alors que la musique agréable allait inhiber le réflexe.

Les résultats ont confirmé cette hypothèse. «Avec la musique désagréable, les clignements sont plus intenses, plus rapides et plus fréquents qu’avec la musique agréable», résume Jean-Philippe Mailhot.

Mesures électrophysiologiques

L’observation de ces différences ne s’est pas faite de visu, mais à l’aide de diverses mesures électrophysiologiques sur différents muscles du visage. En situation désagréable, la phase de latence entre le début du bruit blanc et le clignement des yeux est réduite de 40 millisecondes. L’amplitude de l’onde électrique de ce mouvement musculaire est également plus forte.

Par ailleurs, le muscle corrugator, responsable du froncement des sourcils, était davantage activé par la musique désagréable alors que le zygomatique, qui actionne le sourire, était plus actif lorsque les sujets écoutaient la musique agréable.

Le clignement étant révélateur d’un état de stress, ces données montrent que les sujets ressentaient bel et bien ce stress et que la musique désagréable en était la cause.

«Le réflexe de cligner des yeux est une réponse involontaire liée à l’état émotionnel et qui ne relève pas de la capacité des sujets d’évaluer leur propre état, précise Mathieu Roy. Notre expérience a révélé que la musique peut bel et bien moduler les émotions, ce qui confirme l’approche des émotivistes.»

Ces résultats vont dans le même sens que d’autres travaux qu’il avait lui-même menés auparavant et qui ont montré que la musique agréable permet de réduire la douleur grâce à l’émotion positive qu’elle engendre.

Selon les deux jeunes chercheurs, les résultats obtenus sont une nouvelle validation du recours à la musique en thérapie. Si la musique peut susciter des émotions qui réduisent l’activité des mécanismes de défense, elle peut donc être utilisée pour alléger des états émotionnels déplaisants comme l’anxiété, la dépression ou la douleur.

Daniel Baril

JOURNAL FORUM – 29 mars 2009 (l’article n’est plus disponible)

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